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Jack Lang, ambassadeur de l’art arabe

Jack Lang, ambassadeur de l’art arabe -- Standing International Magazine

Mai 2023 Par Jérôme Lamy, à Paris

À la présidence de l’Institut du Monde Arabe (IMA), Jack Lang est un grand promoteur du rayonnement international de la culture arabe et de sa langue.

On ne froissera pas l’humilité de Jack Lang en avançant qu’il a eu raison sur tout. Mais on peut dire qu’il a souvent eu raison avant les autres, notamment dans l’apprentissage de la langue arabe dont Jack Lang a toujours été un ambassadeur quand il a endossé le costume de Ministre de l’éducation. Jack Lang a aussi laissé un véritable héritage à la France : le prix unique du livre, la Fête de la musique, la réalisation du Grand Louvre, l’Arche de la Défense, l’Opéra Bastille ou la Bibliothèque Nationale de France. Peu d’hommes politiques peuvent en dire autant…

 

A la tête de l’Institut du Monde Arabe depuis le 25 janvier 2013, ce visionnaire a offert une seconde jeunesse et un rayonnement international à ce lieu de culture à nul autre pareil notamment grâce à des expositions exceptionnelles comme L’épopée du canal de Suez, Jardins d’Orient, Il était une fois l’Orient Express ou Divas. 

 

Rencontre avec un ami de la culture, du monde arabe et des Emirats arabes unis.

 

Quel bilan tirez-vous de votre action depuis votre intronisation à la tête de l’Institut du Monde Arabe (IMA) en 2013 Mr Jack Lang?

 

Est-ce à moi de dresser un bilan? Je ne suis pas mon propre historiographe. C’est à d’autres de le faire, notamment à vous les journalistes. Ce n’est pas mon genre de jouer les gros bras et de m’auto-féliciter. Il convient néanmoins de préciser que notre ambition était de donner à l’IMA un rayonnement intellectuel, une présence internationale et une ouverture à la jeunesse.

Les expositions phares organisées autour de la presse, des citoyens et des différents pays arabes ont eu un retentissement fort. À commencer par notre dernière exposition « Juifs d’Orient » absolument inédite et sans précédent sur l’histoire plurimillénaire des Juifs en Orient. Enfin, il ne faut pas oublier le travail que nous accomplissions pour la valorisation de la langue arabe. 

 

Quels sont vos défis pour ce troisième mandat?

 

Je voulais absolument que les trois grandes religions monothéistes présentes dans les pays arabes puissent bénéficier d’un éclairage. Après l’exposition « Hajj, le pèlerinage à La Mecque »   en 2014 et « Chrétiens d’Orient, 2000 ans d’histoire » en 2017, nous avons poursuivi notre trilogie avec cette exposition exceptionnelle dédiée à l’histoire des communautés juives d’Orient.

Nous avons relevé ce défi. Et puisque nous sommes dans l’année du soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, une série d’éléments vont mettre en lumière l’histoire et le présent de l’argent à travers des colloques, des débats et une grande exposition « Raymond Depardon et Kamel Daoud. Son œil dans ma main. Algérie 1961-2019 ». Enfin, un grand collectionneur de Dubaï, Monsieur Farjam, présentera à l’IMA certains des plus grands chefs-d’oeuvre de l’art islamique anciens et contemporain.

 

Peut-on dire que l’IMA est le plus beau musée d’art arabe en Europe?

 

La beauté est relative mais l’IMA est sans conteste le musée d’art arabe le plus important en Europe. Nous disposons grâce au travail de mes prédécesseurs, à notre action et à des dons très importants la plus importante collection d’art arabe contemporain au monde.

 

L’art arabe est-il reconnu à sa juste valeur?

 

On a connu une période de méfiance est d’ignorance. Aujourd’hui, partout dans le monde, il y a une reconnaissance de l’art arabe sous toutes ses formes. Ce n’est jamais assez mais c’est sur la bonne voie.

 

On assiste à une véritable effervescence culturelle aux Emirats arabes unis en général et à Abu Dhabi en particulier…

 

C’est impressionnant ! L’histoire des Emirats arabes unis est vraiment passionnante. Sheikh Zayed, qui était un homme extraordinaire, a eu la conviction qu’il devait fonder les racines de son pays sur l’éducation, la recherche et la culture. C’est lui qui a proposé à la France le projet du Louvre Abou Dhabi. Ce ne sont pas les Français qui ont eu l’idée. Il faut même reconnaître que les conservateurs du Louvre n’étaient pas forcément séduits par cette ambition. Finalement, ils ont constaté que c’était une belle aventure. Chacun y a apporté son talent. Aujourd’hui, c’est une grande réalisation mondiale. La Sorbonne Abou Dhabi est aussi une authentique réussite…

 

Il est de notoriété publique vous avez joué un rôle majeur dans la réalisation du projet du Louvre Abou Dhabi…

 

Je ne suis pas l’inventeur de cette idée mais j’ai joué un rôle aussi modeste soit-il. A un moment précis, en France, il y a eu une sorte de rébellion de conservateurs et de journalistes contre ce projet. J’ai alors pris la plume dans des journaux comme Le Monde ou Libération pour dire à quel point il était vital que le Louvre Abou Dhabi se réalise.

 

L’Exposition Universelle 2020 a même placé Dubaï au centre du monde…

 

Quelle réalisation formidable et incroyable ! Je l’ai visitée malheureusement trop rapidement en compagnie du Président de la République Emmanuel Macron. Dubaï 2020 restera dans l’histoire comme la première exposition universelle organisée dans le monde arabe. 

 

Vous avez également beaucoup œuvré avec les Emirats arabes unis pour le lancement de l’alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflits…

En effet, j’ai beaucoup travaillé aux Emirats arabes unis avec Mohamed Al Mubarak qui est aujourd’hui Président du département de la culture et du tourisme d’Abu Dhabi. C’est un homme extrêmement brillant. La conférence de lancement avait été organisé à Abu Dhabi alors que la levée de fonds a eu lieu à Paris. Nous avons collaboré main dans la main pendant un an et demi. Aujourd’hui, ALIPH est installée à Genève et remplit parfaitement son objectif de sauvegarde du patrimoine.

 

A travers votre fonction, vous êtes identifié aujourd’hui comme un grand promoteur de l’apprentissage de la langue arabe…

 

Je mène ce combat depuis longtemps. Pas seulement depuis que je suis Président de l’IMA. Je suis un militant du plurilinguisme. La France n’est pas assez engagée en faveur du plurilinguisme. La force d’un pays et de sa jeunesse, c’est de pouvoir accéder à diverses cultures. Rien de mieux qu’une langue pour pénétrer l’esprit et l’âme d’un peuple. Lorsque j’étais Ministre de l’éducation, je m’étais battu pour qu’une langue étrangère, dont l’arabe, puisse être enseignée dès le plus jeune âge.

A l’IMA, nous avons créé une maison de la langue arabe et le CIMA (Certification Internationale de la Maitrise de la Langue Arabe), un système unique au monde de certification internationale de la maitrise de la langue arabe par une autorité scientifique incontestable. La langue arabe est la cinquième langue pratiquée dans le monde. Or il n’y avait pas de système d’évaluation des niveaux de compétence. Cela ne facilitait pas son apprentissage. 

 

Vous avez souvent regretté que la langue arabe soit associée à l’Islam…

 

Elle préexiste à elle-même. C’est la langue de tous y compris des juifs dans le monde arabe. C’est une langue antérieure à l’Islam mais c’est la langue du Coran. Tant mieux, c’est une langue magnifique pour donner toute sa force et sa beauté à un grand texte spirituel. Je me bats pour que la langue et la culture arabe soient pleinement aimées en France et partout dans le monde.

 

Quelle est l’origine de votre passion pour la culture arabe?

 

Je suis avant tout un universaliste. Je suis également du Japon, de l’Amérique Latine. L’attirance pour le monde arabe remonte à mes années de lycéen, à ma prise de conscience civique. C’était l’époque des conflits coloniaux. J’ai été pris de sympathie pour ceux qui voulaient conquérir leur liberté: les Algériens, les Marocains, les Tunisiens. J’ai noué des liens avec des artistes, des créateurs. Ces liens ont résisté au temps qui passe.

 

 

 

Jack Lang Avez-vous des regrets?

 

Difficile de répondre à cette question mais je regrette de ne pas avoir pu aller au bout de tous mes projets.