Octobre 2021 Par Jérôme Lamy
Expert mondial des métiers de l’hospitalité et directeur d’exploitation du groupe Accor pour l’Inde, le Moyen-Orient et l’Afrique, Marc Descrozaille se félicite de la situation du tourisme à Dubaï.
On dit que les contraires s’attirent. Mais ceux qui se ressemblent s’assemblent aussi souvent. Marc Descrozaille, directeur d’exploitation ACCOR pour l’Inde, le Moyen-Orient et l’Afrique, incarne une nouvelle famille de dirigeants à l’humanité assumée. Une génération de leaders d’un nouveau genre qui n’indexe pas leur réussite aux seuls bilans comptables mais à la réponse donnée aux questions de société, au respect du développement durable et du bien-être de leurs collaborateurs.
Et le porte-drapeau de ces décideurs à nul autre pareil est sans conteste Sébastien Bazin, PDG du groupe Accor, qui a fait montre d’une immense générosité à l’endroit de ses salariés et du personnel soignant durant la crise sanitaire. Il était donc normal que
Sébastien Bazin croise la route de Marc Descrozaille. Il n’y a pas de hasard, jamais.
Né à Montreuil, Marc grandit avec l’ambition chevillée au corps de devenir chef de cuisine pour nourrir sa créativité. Mais son ouverture au monde et sa soif de contacts humains sont trop fortes. Il deviendra un brillant diplômé de la prestigieuse école hôtelière de Lausanne. C’est au mythique Claridje’s, à Mayfair, dans le centre de Londres qu’il entre dans la carrière et c’est à l’Hôtel Hilton de Roissy Charles De Gaulle – après un MBA finance à l’ESSEC – qu’il enfile son premier costume de directeur général.
Marc Descrozaille brûle les étapes. Son talent est attaché à ses pas. Son empathie, son élégance et sa bienveillance font l’unanimité. Il pose ses valises à Dubaï, en 2010 et prend les commandes de la marque Hilton au Moyen-Orient et en Afrique avant d’implanter la marque Radisson en Afrique. En 2018, il effectue son retour aux EmiratsArabes-Unis à la tête de Mövenpick. Le rachat de l’enseigne suisse par le groupe ACCOR lui ouvre les portes du géant français de l’hôtellerie et des 210 hôtels dont il a la responsabilité entre l’Inde, le Moyen-Orient et l’Afrique subsaharienne.
Rencontre avec une des plus grandes références mondiales du tourisme.
Quel est l’état de santé du Groupe Accor au Moyen-Orient en général et à Dubaï en particulier?
L’état de santé est très bon au regard de nos objectifs et de la situation dans le reste du monde notamment en Asie ou en Europe. Les Emirats-Arabes-Unis ont pris toutes les mesures nécessaires pour maintenir l’activité économique. Quand le monde entier cherchait des masques, il y avait des millions de masques à Dubaï. Le taux de vaccination a aussi été très vite exceptionnel. Partout dans le monde, la clientèle a renforcé sa confiance en la destination Dubaï où la vie a presque toujours été normale. Les restaurants, les plages, le centres commerciaux ont presque toujours été ouverts. En fait, l’image internationale de Dubaï a même été renforcée par la crise.
Avez-vous toujours manifesté votre optimisme devant la pandémie de la Covid 19 ou avez-vous connu des moments de doutes?
éFondamentalement, je suis optimiste et je sais qu’à la fin du tunnel, on aperçoit la lumière. Mais si je disais que je n’ai jamais douté, je mentirais. Notre économie repose sur deux piliers: voyager et partager des moments ensemble. Or, ce sont les deux piliers qui transmettaient le virus. Forcément, l’inquiétude s’est invitée quand nous avons été obligés de fermer certains établissements. On s’est efforcés de soutenir nos employés et nos partenaires.
Si on avance que la crise sanitaire va profondément modifier vos métiers, notamment le tourisme d’affaires, êtes vous d’accord?
Il y a une interrogation autour du tourisme d’affaires et de congrès. Si on prend l’exemple de Dubaï, les indicateurs son très encourageants et rassurants. Mais la vérité de Dubaï n’est pas celle du reste du monde. Le côté positif, c’est que nos clients affichent une soif de voyager inégalée. Et qu’ils consacrent un budget plus important à leurs loisirs. A nous de proposer encore plus d’expérience pour satisfaire leurs envies. Le travail à distance est aussi rentré dans les moeurs. Et certains salariés n’hésiteront pas à prolonger leur weekend pour travailler au bord d’une plage ou d’une piscine. C’est une source de revenus qui n’était pas programmée.
Est-ce que la pandémie vous invite à vous adresser encore davantage à la clientèle locale, celle qui ne réside pas dans vos hôtels mais vit à leur proximité?
C’est un des soucis permanents de Sebastien Bazin. Nos hôtels ne peuvent pas seulement être des lieux où on vient dormir et prendre le petit-déjeuner. Comment rendre nos restaurants plus sexy que nos concurrents ? Comment réfléchir à des concepts forts de restauration autour du style de vie? A Dubaï, le 25 Hours Hotel et son Monkey bar sont des marques avec un positionnement fort. Le SLS est aussi une enseigne très intéressante avec Fi’lia, le premier restaurant dirigé exclusivement par des femmes. Avoir du sens et de l’intérêt pour la clientèle locale, c’est une question qui nous anime. Et nous permet de survivre en temps de crise.
Quels sont les premiers marchés émetteurs des Emirats-Arabes-Unis?
L’Arabie Saoudite, l’Angleterre, la Russie et la France sont les marchés les plus importants.
Quels sont les projets du Groupe Accor aux Émirats-Arabes-Unis et au MoyenOrient?
Nous signons beaucoup d’hôtels actuellement en Arabie Saoudite qui ambitionne de devenir une terre d’accueil touristique, à l’horizon 2030. On continue de se développer aux Emirats avec sept ou dix projets même si on a ouvert dans les derniers mois des structures significatives comme le Raffles Palm, le SLS, le 25 Hours Hotel… Nous avons aussi le regard tourné vers Ras Al Khaimah où nous allons inaugurer prochainement deux grands resorts sur la plage, avec les marques Mövenpick, en 2022 et Sofitel, en 2024.
Est-ce que l’offre hôtelière sur le segment du luxe est saturée à Dubaï?
L’offre pour le luxe continue à être disproportionnée à Dubai. On ressent une appétence pour le luxe avec un angle différent, un design différent, un esprit différent. Avec nos nouvelles marques Delano ou So, nous sommes prêts à relever le défi.
La Coupe du Monde au Qatar sera également un vrai défi…
Effectivement, et là encore, nous saurons être présents. Nous allons inaugurer au Qatar un Hôtel Fairmont et un Hôtel Raffles qui afficheront un luxe assez inégalé dans la région. Nous allons aussi ouvrir deux grandes enseignes Rixos avec l’idée de séduire les touristes.
Dans le sillage de son Président Sébastien Bazin, le Groupe Accor a été présent aux côtés des soignants et des plus vulnérables durant la crise sanitaire…
Le leadership de Sebastien Bazin a été fondamental. Dire qu’il a été très inspirant est un euphémisme. Nos hôtels se sont souvent transformés en établissements d’accueil des malades. La survie financière de nos employés a été une véritable priorité. Sebastien Bazin a obtenu du conseil d’administration d’Accor de ne pas débourser les dividendes et de créer un fonds de 70 millions d’euros pour subvenir aux besoins des employés les plus précaires notamment en Inde ou en Afrique. C’est une véritable fierté.