Juin 2023 Par Sarra Essouayeni, à Dubaï
Véritable référence de la mode au Moyen-Orient et star de MBC TV, Mimi Raad est de plus en plus populaire en France.
Comment qualifieriez-vous votre jeunesse?
Heureuse ! J’ai eu la chance de grandir dans un joli village verdoyant de pins, au Liban. J’ai eu une enfance insouciante. J’ai été entourée d’amour malgré la guerre et ses affres au Liban.
Quel métier rêviez-vous de pratiquer quand vous étiez enfant?
Je rêvais d’être astronaute, puis designer ! Mais le premier était un rêve fou d’enfant, le second n’était pas perçu comme un vrai métier, à l’époque… Mes parents m’ont incitée à faire des études de pharmacie parce que j’étais une élève studieuse, avec des dispositions pour les matières scientifiques. J’ai arrêté au bout de deux ans. J’aimais l’écriture et l’aventure. J’ai réalisé que je voulais être journaliste. J’ai changé ma spécialité !
Quel était le secteur d’activité de vos parents?
Mon père était entrepreneur dans le métier de construction et ma mère femme au foyer.
Est ce que vous étiez une jeune fille qui faisait attention à son apparence? Aux marques?
Ma mère m’a appris très jeune comment prendre soin de ma tenue vestimentaire. Elle me choisissait des habits qui ravissaient tout le monde autour de moi. Les marques n’avaient pas d’importance, mais les couleurs, la coupe, le style étaient essentiels. Elle m’a sensibilisée aux détails. Je recevais beaucoup de compliments mais mes parents ne cessaient de me répéter que mon “style mignon” seul, ne fera pas de moi une femme accomplie.
Comment est née votre passion pour la mode?
J’accompagnais toujours ma mère quand elle choisissait ses robes chez la couturière. Ses séances d’essayage ont créé cet intérêt. Je les observais décidant des textures, couleurs et coupes. J’aimais beaucoup dessiner avant même de prendre des cours de dessin. À l’adolescence, je faisais des croquis d’habits. Et je demandais à ma mère de me les confectionner, pour être différente. Depuis que j’étais toute jeune, j’avais un style différent de mes copines que j’avais développé en lisant avidement les magazines français de mode.
Pouvez-vous résumer votre parcours professionnel?
J’ai commencé dans la presse écrite. Puis, j’ai fait des apparitions télévisées dans plusieurs programmes. Je me suis essayée à la production à la télé, écrit pour plusieurs plates-formes journalistiques. J’ai géré une chaîne de télévision pour jeunes, dont l’esthétisme a tapé dans l’œil d’autres chaînes. Et c’est là où j’ai eu l’idée d’utiliser mes expériences en journalisme, présentation et production pour créer « l’image département » dans des chaînes télévisées. Je recrute, entraîne et gère une équipe de stylistes, maquilleurs et coiffeurs pour relooker les présentateurs avant leur passage à l’antenne. Avec mes équipes, je travaille aussi bien sur des programmes télévisés que sur des séances de photos ou des séries télévisées.
Comment définiriez-vous votre métier?
J’essaye de mettre en valeur la beauté et les atouts de chaque femme ou homme que je relooke. J’essaie aussi de leur donner confiance en eux. Mais ce n’est pas chose facile. Parce que je touche à leur image, à leur zone de confort et à leur égo! Surtout quand il s’agit de personnalités qui passent à la télévision! Leur image personnelle peut ne pas correspondre du tout à l’image que j’ai concoctée pour eux (selon les besoins du programme ou série). Mon métier requiert non seulement une profonde compréhension de la mode, du style, des silhouettes, des couleurs et de la culture générale mais aussi une bonne dose de psychologie.
Comment jugez-vous la mode du monde arabe et du Moyen-Orient?
On a beaucoup de talents en tant que designers et stylistes mais je déplore les looks de nos stars sur les tapis rouges. Elles en font trop en matière d’habits et de chirurgie plastique!
Est-ce que la pandémie du Covid a changé le rapport à la mode, aux matières, aux couleurs?
Certainement! On est plus tentées de s’habiller confortablement. Même si on a délaissé nos survêtements, on opte pour des habits qui nous mettent à l’aise. Personnellement, je ne mets plus mes talons autant que je le faisais avant, sans pour autant dénigrer mon style!
L’élégance est-elle un luxe? Ou peut-on être élégant avec un budget modéré?
Le luxe n’a rien à voir avec l’élégance. L’élégance nous vient de l’intérieur. L’élégance, c’est notre façon d’aborder la vie et nous la traduisons aussi à travers notre look. On peut s’habiller dans des friperies mais avoir un style élégant. C’est notre façon de se mouvoir qui nous donne ce je-ne-sais-quoi.
Que vous regardez en premier dans le look d’une femme ou d’un homme?
Chez un homme ses yeux, doigts et chaussures. Chez une femme sa silhouette, démarche et accessoires.
Pouvez-vous citer trois fashion faux pas à éviter?
Les règles sont faites pour être brisées! Avoir du style permet à la personne de manipuler les modes comme bon lui semble pour faire mieux émerger sa personnalité. Mais il y a certains détails que personnellement je ne tolère pas: porter un top en lycra sous un blazer, porter des chaussures qui tranchent avec la couleur du pantalon. Je n’aime pas non plus quand les habits dévoilent les sous-vêtements.
Quels sont vos lieux préférés à Paris et Dubaï?
A Paris, je ne me lasse pas des cafés trottoirs à Saint-Germain ou au Marais… A Dubaï, je passe mes weekends à la plage qu’il pleuve, vente ou fasse 50 degrés!
Pour une séance shopping, vous préférez le Dubaï Mall ou la Rue Saint-Honoré?
Sans hésiter la rue Saint-Honoré! Pour le plaisir de déambuler dans la rue, faire du shopping et profiter des pauses-café !