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Jack Lang

« La langue arabe, trésor de France »

Jack Lang : « La langue arabe, trésor de France » -- Standing International Magazine

Juin 2023 Par Sarra Essouayeni, à Paris

Dans une tribune pour Standing Magazine, Jack Lang, Président de l’Institut du  Monde Arabe (IMA), regrette que la langue arabe soit insuffisamment enseignée en  France…

« Je suis promoteur de l’apprentissage de la langue arabe depuis plus de quarante ans.  Je n’ai pas attendu d’être Président de l’Institut du Monde Arabe (IMA) pour mener ce  combat. Je suis un militant du plurilinguisme. Je rêve qu’on enseigne les langues vivantes  et les langues anciennes très tôt aux enfants en complément des langues nationales. Si  les enfants sont perméables aux langues étrangères, leurs facultés sont au zénith à l’âge  de douze ans. C’est donc un véritable gâchis de ne pas solliciter leurs capacités à saisir  la musicalité des langues. Il convient de préciser que l’apprentissage de plusieurs langues  ne nuit pas à la langue nationale mais en facilite, au contraire, la compréhension au jeu  des comparaisons, des dissemblances et des ressemblances.

Je regrette que la France ne soit pas assez engagée en faveur de l’apprentissage de la  langue arabe. La force d’un pays et de sa jeunesse, c’est de pouvoir accéder à diverses  cultures. Rien de mieux qu’une langue pour pénétrer l’esprit et l’âme d’un peuple. La  langue arabe devrait être une des langues clefs dans les établissements scolaires. C’est  la cinquième langue mondiale. C’est la langue la plus riche du monde par son vocabulaire  et sa syntaxe. C’est la langue de transmission du savoir antique, mathématique et  philosophique vers l’Occident. Apprendre la langue arabe, c’est éduquer l’oreille et  l’intelligence. C’est aussi percevoir une autre civilisation.

Lorsque j’étais Ministre de l’Education nationale, je m’étais battu pour que la langue  arabe puisse être enseignée dès le plus jeune âge. J’avais bâti un plan ambitieux qui a  été abandonné par mes successeurs. Ces derniers n’ont pas eu conscience de l’urgence et de l’importance de cet apprentissage. Ils associent cette langue à l’Islam et à  l’islamisme radical. En réalité, la langue arabe préexiste à elle-même. C’est la langue de  tous, y compris des juifs dans le monde arabe. C’est une langue antérieure à l’Islam mais  c’est la langue du Coran. C’est une langue magnifique pour donner toute sa force et sa  beauté à un grand texte spirituel. L’apprentissage de la langue arabe est au contraire un  moyen de lutter contre l’intégrisme. Pap Ndiaye, Ministre de l’Éducation nationale et de la  jeunesse de France, m’a promis de donner à la langue arabe la place qu’elle mérite en  France. Je veux le croire. C’est un humaniste à l’ouverture d’esprit indéniable. 

A l’Institut du Monde Arabe (IMA), nous avons conclu un accord avec le centre de  langues arabes d’Abu Dhabi, qui appartient au Département de la culture et du tourisme,  Abu Dhabi (DCT). Nous dispensons un enseignement de grande qualité pour tous les  niveaux. Nous avons créé une maison de la langue arabe et le CIMA (Certification  Internationale de la Maîtrise de la Langue Arabe), un système unique au monde  d’évaluation internationale de la maitrise de la langue arabe par une autorité scientifique  incontestable. L’absence d’un système d’évaluation des niveaux de compétences ne  facilitait pas son apprentissage. En France, aujourd’hui, les pays arabes sont très  attractifs et l’apprentissage de la langue arabe connait un vif succès dans l’enseignement  secondaire. C’est dommage que ce désir de connaissances ne soit pas satisfait dans le  système scolaire. La déception est d’autant plus grande pour moi qui rêve d’une société  universaliste. »