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Nasser Larguet

« L’Arabie Saoudite veut remporter la Coupe du Monde 2034 »

Nasser Larguet: « L’Arabie Saoudite veut  remporter la Coupe du Monde 2034 » -- Standing International Magazine

Novembre 2024 Par Jérôme Lamy, à Caen

Directeur Technique National et architecte du projet d’émergence du football saoudien qui épouse la vision de rayonnement et de transformation du Royaume, Nasser Larguet nous livre la feuille de route jusqu’au Mondial 2034 organisé en Arabie Saoudite.

Nasser Larguet est incollable sur les séries égyptiennes. Il s’est imposé une discipline originale : regarder les feuilletons de son enfance en langue originale afin de maîtrise l’arabe littéraire. L’objectif est simple : être le plus performant possible dans sa nouvelle fonction de Directeur technique National en Arabie Saoudite qu’il occupe depuis le printemps 2022. « Hervé Renard, alors sélectionneur de l’Arabie Saoudite, m’avait déjà mis en relation en 2019 avec le président de la Fédération d'Arabie Saoudite de Football, Yasser El Misahel, pour devenir Directeur Technique National » précise Nasser Larguet. « A l’époque, à la fin de mon mandat à la tête de la DTN marocaine, j’avais envie d retrouver mes premiers amours, à savoir la formation. C’est ce que l’Olympique de Marseille m’a proposé. »

 

Quand l’occasion s’est représentée en mai 2022, Nasser Larguet n’a pas laissé passer cette nouvelle opportunité. « Hervé Renard m’avait exprimé à nouveau toute l’estime qu’il portait aux dirigeants saoudiens sur le plan humain, notamment au Président de la Fédération d'Arabie Saoudite de Football Yasser Al Mesahel et au Secrétaire Général Ibrahim Al Qassim » confie Nasser. « Hervé m’avait aussi confié qu’il pourrait quitter fonctions après le Mondial au Qatar et que la tâche était grande… »

 

Ça tombe bien, Nasser Larguet est un humaniste et un bâtisseur. « Je suis au bon endroit, au bon moment » glisse-t-il. « J’aime construire. Les dirigeants m'ont demandé de structurer le football national à la base, comme je l'avais fait au Maroc. Ma mission est triple : le développement des jeunes, la formation des cadres, des entraîneurs à tous les niveaux et le suivi des équipes nationales. J’ai mis très rapidement en place un programme pour les différentes équipes nationales, qui avaient besoin de tournoi internationaux. Avant mon arrivée, il y avait quatre sélections de jeunes. Il y en a désormais neuf puisque nous avons créé des équipes nationales par année d'âge de 14 ans à 23 ans. C'est une responsabilité assez large et un défi énorme.

 

La clef du succès de Nasser Larguet au Maroc, c’est la révolution des infrastructures. Architecte du football saoudien, il reproduit le même plan. « Au niveau des infrastructures, nous bâtissons un énorme projet, avec la création de centres techniques nationaux mais aussi régionaux » confirme-t-il. « Il y avait un vrai déficit dans ce domaine. Le pays très grand, il est impératif d’avoir des centres régionaux partout pour les garçons comme pour les filles. J’ai donné l'impulsion pour installer des pôles espoirs à Djeddah et Dammam, à l'Ouest et à l'Est du Royaume. Et un centre technique national ultra-moderne à Riyad sur le modèle du Centre Mohammed VI à Rabat. »

 

La valeur ajoutée du football saoudien, c’est son réservoir de joueurs. La qualité des footballeurs saoudiens diffère de celle des Maghrébins en général et des Marocains e particulier. « Le potentiel physique et technique des jeunes saoudiens est assez étonnant » dit Nasser Larguet. « Ils aiment jouer au foot. Quand ils ont la maîtrise du jeu, il font très mal. Le football saoudien est très léché, à l’image de ce qu’il se passe dans les pays sud-américains et nord-africains. Cela s'explique par le fait que beaucoup d’entraîneurs sont issus du Brésil, d'Argentine ou du Portugal. Techniquement, les Saoudiens n’ont rien à envier à personne. En revanche, leur dimension physique est par exemple supérieure à celle des Marocains. A l’âge de 15 ans, leur vitesse naturelle est au dessus de celle d’un jeune au même âge en Europe. Malheureusement, le travail physique n’était pas la priorité des entraîneurs. Nous allons élaborer des plans athlétiques pour les centres de formations afin de mettre le physique en adéquation avec l technique. Avec beaucoup de volonté, le joueur saoudien sera puissant, rapide et doté d’une technique remarquable. »

 

 

Ça promet pour la qualité de la ligue saoudienne de football où des stars comme Ronaldo (Al-Nassr), Neymar (Al-Hilal), Karim Benzema (Al-Itthad FC), Riyad Mahrez (Al-Ahli SC), Sadio Mané (Al-Nassr), N'Golo Kanté (Al-Itthad FC), Firmino (Al-Ahli SC) ou Fabinho (AlItthad FC) ont exporté leur talent. « Ce ne sont pas des pré-retraités mais des joueurs de haut niveau qui portent la ligue saoudienne vers les sommets » précise Nasser Larguet. « D’ailleurs, Ronaldo continue de briller avec le Portugal et N’Golo Kanté est à nouveau sélectionné en Équipe de France. La venue de ces stars dans le championnat saoudien est un formidable exemple de l’exigence du haut niveau pour les joueurs locaux. C’est un modèle, une référence par rapport au niveau qu’ils doivent atteindre. C’est quand même mieux de voir Ronaldo chaque jour à l’entraînement que chaque week-end à la télé. Bien sûr, il n’y a pas trop de joueurs étrangers dans les clubs. Mais ce n’est pas un problème contrairement au nombre d’entraîneurs saoudiens dans les deux premières divisions qui pose question. La formation des éducateurs et le développement des centres de formation dans les clubs, sont nos grands chantiers.»

 

En revanche, point besoin de se torturer l’esprit pour obtenir l’adhésion du grand public. Les stades sont pleins comme des œufs. « La base de fans est exceptionnelle » dit Nasser Larguet. « Les Saoudiens se passionnaient pour leur championnat national bien avant l’arrivée des stars mondiales. Pour tout dire, j’ai été vraiment surpris par l’engouement. J’ai découvert un véritable pays de football où de nombreux jeunes jouent dans les quartiers, en bas de chez eux. »

 

La force du projet saoudien dans le développement de son football, c’est qu’il épouse la vision d’émergence du pays. Les ambitions sportives se mêlent aux bouleversements de la société dans une belle harmonie. « Ma mission est d’autant plus passionnante qu’elle est dirigée par des gens formidables qui savent où ils veulent amener le football et le pays. La stratégie de la fédération dans le développement du football est intégrée dans la stratégie globale de rayonnement du pays. Les stars du football, qui apportent une visibilité évidente, sont devenues des ambassadeurs de la transformation de l’Arabie Saoudite. »

 

Deux événements programmés sur le sol saoudien sonnent comme un magnifiqu succès de la vision et de la stratégie de Mohammed Ben Salmane, Prince héritier et Premier ministre: l’Exposition universelle Riyad 2030, l’Ère du changement (1er octobre 2030 au 1er avril 2031) et la Coupe du Monde de football 2034. « Il ne s’agira pas seulement de participer à cette compétition » dit Nasser Larguet. « Il s’agira de la gagner. Le modèle des dirigeants saoudiens, ce n’est pas le Maroc. C’est la France et le Mondial 1998. » Avec Nasser Larguet et Hervé Renard, de retour au poste de sélectionneur de la sélection nationale saoudienne, les « Faucons » sont entre de bonnes mains.